Promenons-nous dans… Maubeuge

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Que savons-nous de notre ville ? Que voyons-nous quand nous nous promenons en ville ? Des bâtiments, des maisons, des boutiques… Est-ce tout ? Les vibrations des villes, l’impulsion des quartiers, savons-nous encore les ressentir ? Cette magie d’une promenade qui fait nous sentir heureux, à quoi est-elle due ?

Les élèves de 4e Picasso, Kusama et Matisse se sont interrogés sur la ville… Quoi de mieux pour penser la ville que d’aller à sa rencontre, que d’analyser ses mouvements…

Dans les programmes de français, un objet d’études intitulé « la ville lieu de tous les possibles ? » nous a permis de mener à bien cette réflexion. De plus, avec la nouveauté des EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires), l’éducation musicale et les arts plastiques pouvaient venir enrichir cette réflexion : qu’entendons-nous dans une ville ? Quels sont les sons représentatifs d’un milieu urbain ? Comment améliorer les villes pour construire des utopies ?

Dans le cadre du français, nous avons tout d’abord travaillé une séquence sur la poésie de la ville, intégrant des poètes de différentes époques, de différents styles (de Verhaeren à Grand Corps Malade) proposant des représentations différentes de la ville (lieu de solitude, de peurs, de liberté, de rencontres, de découvertes…). Puis nous avons poursuivi notre travail en faisant l’effort d’observer minutieusement la ville de Maubeuge – quoi de mieux pour ce faire que de s’y rendre et d’observer le déroulement de la vie dans cette ville – À la manière de Pérec, les élèves ont écrit des textes sur ce qu’ils percevaient de la ville : images, sons, odeurs, matières : tous les sens ont été nécessaires pour mener à bien ce travail. Ecrire ne suffisait pas, il fallait également photographier les éléments de la ville, et enregistrer les sons de cet être vivant immense qui s’étend à perte de vue.

En effet, avant d’élaborer une ville utopique, une ville parfaite, il fallait tout d’abord savoir ce qu’était réellement une ville, ce qu’était Maubeuge actuellement.

« Juste à côté nous pouvons nous envoler grâce à l’agence de voyage et leurs publicités à la seule condition de laisser aller notre esprit vers les plus beaux paysages.
Apparaissent à l’étage plusieurs logements dont la vue donne sur le Mail de Sambre. Certains appartement semblent inhabités, d’autres encore sont dans l’obscurité, je m’en aperçois car certains volets sont clos et ne laissent passer aucune lumière. Un peu plus haut, juste au dessus de tout cela se dévoile dans son immensité ce ciel bleu caché par quelques nuages. Les oiseaux prennent de la hauteur et leur chant se mêle aux bruits de la ville. »

« A l’angle de la rue : une banque en partie cachée par la fontaine. Comme j’ai pu le remarquer les immeubles sont tous similaires : des fenêtres carrées, un toit plat, et leurs façades couleur gris clair.
Devant moi, l’avenue Mabuse est montante en goudron à double sens et très fréquentée. Les réverbères se dressent tout le long du trottoir et de multiples enseignes de commerçants me sautent aux yeux. »

« Une église se dresse au fond de la ville sous le beau ciel bleu comme les yeux d’un enfant amoureux. Les feux tricolores prennent eux aussi une certaine place, ils illuminent la ville comme un arc au milieu d’un champ. Les arrêts de bus qui nous mènent de ville en ville avec comme bruits de fond non pas des oiseaux mais des klaxons, des accélérateurs, des pots d’échappement et aussi des bruits de freins. Certains jours la ville peut être bien paisible, mais gare à vous car derrière cela un bonheur irrésistible y vit chaque jour de l’année. »

« C’est le vide. On n’entend aucun bruit. Tous les élèves de ma classe sont concentrés et se posent la question : prenons-nous le temps de voir de qui est autour de nous ? »

« Dans la ville, nous ne faisons jamais attention à ce que nous entendons, mais si l’on se concentre bien nous pouvons percevoir tout un monde de bruits : les conversations des personnes, les bruits des voitures : freins, accélérations, klaxons, le vent qui s’engouffre dans les feuilles, les rires des gens heureux… Alors fermez les yeux et écoutez… »

« Au moment où je décris ce que je vois, je me rends compte que les personnes qui passent sont pressées. Elles marchent vite, toujours vite, pas pressé, allure rapide : il faut vite se rendre à l’arrêt de bus, ne pas être en retard, ne pas rater la sonnerie. Pourquoi ne prennent-elles pas le temps de regarder ce qui les entoure ? »

« Je continue de décrire ce que je vois. Pourtant d’un coup tout change, le ciel devient gris et la luminosité modifie les couleurs de la ville. Puis tout recommence et c’est la même histoire : je ré-entends des klaxons de voitures, des freins endommagés, je vois d’autres personnes passer, des bus défiler… Avant tout, je vois la vie qui continue place des Nations, la vie de la ville. »

Dès lors, nous avons poursuivi ce travail sur la ville en quittant l’ordre du possible pour s’aventurer vers celui du rêvé et de l’idéal (oui oui « soyons réalistes, exigeons l’impossible »). Une deuxième séquence sur l’utopie semblait plus que souhaitable : décrire une ville utopique, créer un dépliant touristique pour une ville idéale, construire la maquette de cette ville rêvée, trouver des solutions viables pour le bonheur de tous, autant d’activités qui permettent de réfléchir, penser, raisonner pour enrayer définitivement les aspects négatifs aperçus lors de la première séquence… Vos enfants ne sont pas uniquement nos élèves, ils sont aussi les acteurs des générations futures…

Une deuxième sortie est envisagée, soutenue et encouragée par Madame Saint-Ouin, tous les élèves de 4eme se rendront au Familistère de Guise afin de comprendre que l’utopie peut être réalisée et ne relève pas uniquement du domaine du rêve et de l’irréel…

Les élèves ont pensé, écrit, dessiné, enregistré des sons, créé des rythmes, construit des maquettes, débattu en classe… C’est pourquoi leurs travaux seront présentés à la galerie Excentric, collectif d’artistes, le vendredi 20 Janvier 2017.

Venez nombreux… ils pourraient vous apprendre des choses, vous faire réfléchir ou même vous émouvoir…

A suivre…